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Détails du site : Monsieur Bourse
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Titre | Monsieur Bourse |
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Description | Blog proposant des analyses techniques, des conseils boursier, des tutoriaux, des news et informations sur les investissements en action. Il s’adresse aussi bien aux débutants qu’aux initiés |
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Adresse (URL) : | www.mrbourse.com | |
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Date | 2008-01-14 | |
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Hits | 10 | |
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Catégorie | Accueil > Blogs et communautés | |
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ID | 65 | |
Un problème ? |
2012-04-06, Profession : NETTOYEUR. Luc Brami un destructeur d'emplois sans états d'âmes !
« J'adore la crise, elle crée plein de situations compliquées » M. Luc Brami
Luc Brami a restructuré successivement STMicroélectronics, Wagon Automotive et la SBFM.
Portrait d'un expert du licenciement.
« Cela ne me dérange pas qu'on me colle l'étiquette "salopard" sur le front, tant que j'ai
la fierté d'avoir bien fait mon métier. » Luc Brami assume tout avec aplomb. Bien obligé
quand on a pris le conflit en entreprise comme spécialité. Ce polytechnicien de
quarante-trois ans, ingénieur des Ponts et Chaussées, est pourtant venu tardivement à ce
qu'il appelle « l'ingénierie du plan social ». « D'abord, j'ai travaillé dans la banque,
j'ai créé une entreprise d'immobilier, puis une boîte de vente d'informatique à la Surcouf.
Enfin, j'ai travaillé pendant un an dans le cabinet d'experts-comptables Secafi Alpha, où
j'ai fait de l'expertise de plan social, notamment pour le compte de syndicats. » En 2004,
cet oiseau de proie choisit sa voie : « Beaucoup de managers de transition y sont venus par
un concours de circonstances. Moi, j'y suis venu parce que j'aime ça. Les plans sociaux, ce
sont des situations qui exigent du manager plus d'intuition que de réflexion, et ça, c'est
stimulant », déclare celui qui, dix minutes après, vous explique que son objectif principal
est de « déplacer le dialogue avec les salariés de l'intuitif au rationnel ». Il se voit
comme un « technicien » qui « ne se préoccupe pas de politique », un « assembleur » qui sait
jongler entre le social et le juridique, composer avec les syndicats tout en exécutant les
ordres de son client.
Luc Bramy a débuté en 2004 à Rennes, chez STMicroelectronics, une usine de 600 salariés
alors en plein conflit. « La fermeture de l'usine avait été annoncée en septembre 2003.
Rapidement, le directeur des ressources humaines s'est retrouvé dépassé, sur des questions
de communication et de gestion de la crise, raconte Jean-Marie Michel, ancien délégué CGT.
Nous avons alors commencé à croiser des consultants dans les couloirs. Bramy était l'un
deux. » En janvier 2004, après un comité d'entreprise houleux, la direction est séquestrée
pendant une nuit. « À 3 heures, le DRH, qui avait décidé de rester de son propre chef, a
fait un malaise. On ne l'a jamais revu. Et dès le lendemain, Bramy a pris le relais et est
devenu DRH », poursuit Jean-Marie Michel.
« Bramy se distinguait par une absence totale de sentiment. Avec lui, ça ne craque pas,
impossible d'avoir une emprise », se rappelle le cégétiste. En juin 2004, STMicroelectronics
est bloquée pendant une semaine, jusqu'à l'intervention de la police. Les employés voulaient
alors empêcher le déménagement des machines. « À cette époque-là, le rôle de Luc Bramy était
d'épauler le directeur, au propre comme au figuré, car parfois il le tenait littéralement à
bout de bras, décrit Jean-Marie Michel. Il utilisait également la communication auprès de la
presse, le "storytelling", pour grossir la violence de la lutte. » Réponse de l'intéressé :
« Ce conflit était vraiment violent, et j'ai été, à plusieurs reprises, à deux doigts de me
faire casser la figure ! » Quatre ans après les faits, l'ex-délégué CGT juge que son ancien
ennemi a gagné cette bataille : « Il a réussi à éviter les actions aux prud'hommes, c'est
forcément un succès pour lui. »
Après avoir fait un sort à STMicroelectronics, Bramy poursuit sa guerre sans fin ailleurs.
En 2006, il s'occupe de « restructurer » Wagon Automotive, une lutte où il observe de près «
des syndicats hyper bien organisés ». Car c'est l'une de ses « règles d'or : analyser le
terrain, bien connaître les leaders d'opinions et établir des axes de dialogue clairs avec
eux ». Une autre « règle d'or » : « Si une grève dure plus de trois jours, vous êtes mal. »
Pourquoi trois jours ? « Au bout de trois jours, les grévistes ont beaucoup perdu et veulent
absolument quelque chose en échange de la reprise du travail. C'est donc dès les premières
heures qu'il faut leur retirer les raisons de faire grève. »
Mais cette année, lors de sa dernière mission, Luc Bramy s'est cassé les dents. En février
dernier, près de Lorient, l'équipementier automobile SBFM, où il oeuvrait de nouveau comme
directeur des ressources humaines, a été bloqué par ses ouvriers pendant plus d'une semaine.
« En novembre, un intérimaire, qui était passé par STMicroelectronics avant de venir chez
nous, a reconnu Bramy à la cantine », raconte René Le Bourvellec, délégué CGT à la SBFM. «
Cet intérimaire est venu nous voir en poussant des cris d'horreur, il nous a dit : "Si ce
type est là, c'est qu'il va y avoir de la casse chez vous !" Grâce à ça, on a été au courant
de ce qui se tramait, avant que le plan social soit annoncé. » Luc Bramy s'en défend : « Je
me suis fait diaboliser d'entrée de jeu. Alors qu'au départ, j'étais embauché pour créer une
DRH France ! » Quoi qu'il en soit, Luc Bramy se retrouve rapidement à faire ce qu'il sait
faire le mieux : gérer un plan social. En février, le manager est accueilli au CE de la SBFM
par des pluies d'oeufs et une flopée d'insultes. « Mais il a quand même eu les couilles de
venir alors que le reste de la direction s'est débiné », lui reconnaissait ce jour-là un
membre du service d'ordre de la CGT. « Il faut avoir l'habitude de ce genre de situation et
savoir dominer sa peur, estime Luc Bramy. L'important, c'est de ne pas reculer, pour passer
le cap qui sépare la phase de licenciement de la phase de reclassement. Ma spécialité, c'est
plutôt la première phase, et je ne recule jamais. »
Aujourd'hui, Luc Bramy est toujours DRH du groupe Zen, propriétaire de la SBFM. Mais, avec
le reste de la direction, il a été désavoué par l'administrateur judiciaire et les
syndicats. « Mais, c'est simple, nous refusons de nous asseoir à la même table de
négociation que lui », tranche René Le Bourvellec. Sa marge de manoeuvre réduite à rien, la
mission de Luc Bramy tire donc à sa fin. Bientôt, il changera d'employeur et repartira poser
ses valises, à proximité d'une autre usine. Car, « comme beaucoup de consultants, je passe
ma vie à l'hôtel ». Mais cet homme n'a pas d'inquiétude pour l'avenir. « La crise, j'adore
ça. Cela crée plein de situations compliquées qui nécessitent un spécialiste. »
Mehdi Fikri
Journal l'HUMANITE...
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